Dans le cadre de la Journée internationale de la femme 2020, WIDE (Women In Digital Empowerment) a interviewé et mis en lumière des femmes sur leur parcours et leur carrière. Retour sur l’interview de Martine Kerschen, chef de projet, au ministère de la digitalisation.

Depuis combien de temps travaillez-vous au ministère de la Numérisation et quelles sont vos missions ?

J’ai rejoint l’équipe du ministère du Numérique en tant que chef de projet en juillet 2019 pour m’occuper de l’aspect de la participation citoyenne dans le cadre de la simplification administrative. L’objectif est de simplifier la vie (administrative) des usagères en prenant en compte leurs besoins et leurs envies.

Pour atteindre ce but, j’utilise, entre autres, la méthodologie du Design Thinking, du Design Thinking Service, qui promeut les innovations entre l’intersection de l’attractivité humaine, de la faisabilité économique et technique – voire numérique. L’objectif de cette approche créative, itérative et centrée sur l’utilisateur est de rassembler autant de perspectives différentes que possible autour d’une situation actuelle qui nécessite un changement. Dans ce contexte, une approche isolée doit toujours être considérée comme faisant partie d’un contexte global responsable d’un événement de vie qui doit être considéré comme un tout.

La création d’une bonne expérience utilisateur nécessite donc la participation des citoyens. Afin de faciliter l’intégration du public dans ce processus, j’analyse actuellement la mise en place d’une plateforme de participation citoyenne dédiée à la simplification administrative.

Qu’est-ce qui vous a amené à occuper ce poste au ministère ?

Je suis diplômée en « conception de produits » avec une spécialisation en « conception de systèmes – l’homme et les systèmes », aujourd’hui mieux connue sous le nom de « conception de services », de l’université de Kassel, en Allemagne. Mes principales compétences consistent à concevoir et à développer des solutions créatives centrées sur l’utilisateur dans des contextes complexes.

Après de brèves étapes dans le conseil aux entreprises et la recherche de tendances, j’ai terminé mes études avec une thèse sur « L’avenir de la mobilité dans la ville de Luxembourg – expérience utilisateur et design de service », réalisée en collaboration avec Integrated Place. Cela m’a conduit chez Sales-Lentz (SLA s.a) où j’étais principalement responsable du développement de nouveaux services de mobilité, de la transformation digitale et du développement de produits existants, dont entre autres Night Rider et flibco.com. En juillet 2019, j’ai ensuite rejoint l’équipe du département.

À première vue, mon parcours semble particulier, voire extraordinaire en termes de choix de carrière. En effet, le terme « design » est souvent interprété ou perçu de manière traditionnelle et restrictive dans notre société. Or, le design ne se limite pas à l’apparence et à l’esthétique d’un produit. Le design, c’est aussi planifier et concevoir à partir des désirs et des besoins des utilisateurs, afin de faciliter leur vie quotidienne et de s’adapter à leur environnement.

Quel est votre secret pour réussir en tant que femme dans le secteur numérique aujourd’hui ?

Dans mon travail quotidien, je ne réponds à aucun stéréotype prédéfini. Je suis la porte-parole des utilisatrices et j’assume le rôle de tous les citoyens. Je suis convaincue que mes compétences et ma spécialisation sont déterminantes pour ma réussite professionnelle. Cependant, je suis convaincue que pour avancer dans la transformation numérique de la société, la prise en compte d’équipes hétérogènes, en général, est essentielle: concernant le genre, mais surtout concernant les compétences, les intérêts, les modes de vie, les origines et bien plus encore.

Si l’on tient compte du fait que la majorité des profils responsables de la numérisation dans le secteur des TIC sont actuellement des hommes, le secteur représente un énorme potentiel pour les femmes spécialisées dans différents domaines. Pour pouvoir créer des groupes de travail hétérogènes, il faut d’une part suffisamment de femmes compétentes et d’autre part suffisamment d’hommes émancipés qui reconnaissent que d’autres modes de pensée, d’autres compétences non techniques, d’autres formes d’expression et d’autres points de vue représentent un enrichissement et une valeur ajoutée dans le monde du travail.

Magazine « Women in Tech
Date de parution : 5 mars 2020
Par : Women In Digital Empowerment (WIDE)
Cette interview a été traduite du français à l’anglais.